L’industrie française du papier reste fragile à cause d’un manque criant d’investissements nationaux dans le secteur. Détenue à plus de 60% par des groupes étrangers elle est distancée par la Chine, pays inventeur du support, et par l’Allemagne qui a su maintenir ses efforts de développement. Elle n’en n’est pas moins vaillante car même si les ventes de papier graphique sont en baisse le commerce en ligne lui offre de nouvelles perspectives dans le domaine du papier industriel. Ironiquement on pourrait dire que c’est l’immatériel qui redonne sa chance au papier français.

Une industrie dépendante de facteurs exogènes

L’imprimerie a mangé son pain blanc et désormais l’information n’est plus convoyée par le papier mais par les réseaux numériques. Même la valeur faciale d’une signature apposée au bas d’un écrit est remplacée par un certificat numérique. A chaque temps son support. En plus de la digitalisation des écrits, l’industrie papetière souffre de son modèle de production. En effet, il est notablement gourmand en eau et en énergie. Les 8 millions de tonnes de papier français produites l’an dernier ne le sont pas sous les meilleurs auspices écologiques de rigueur dans notre monde carbonisé et asséché. Toujours est-il que la moitié de cette production est exportée. Mais quand on parle de papier il faut savoir que l’on ne se cantonne pas aux papiers graphiques de presse et d’écriture. Les papiers d’emballage, de conditionnement, d’hygiène et les papiers industriels font travailler la majorité des 12.500 travailleurs œuvrant dans 85 usines et 75 entreprises en France. Ils donnaient encore vie à 130 machines à papier l’an dernier. Cette industrie lourde est tout simplement devenue trop dépendante des aléas énergétiques, en consommation comme en production. Elle doit réinventer son business-model.

Le papier a son avenir dans le web to store

Une invention majeure comme le papier ne peut que perdurer. Aussi paradoxal que cela puisse être le papier sera sauvé par l’électricité. C’est celle des réseaux d’information qui autorisent leurs utilisateurs, à majorité depuis leurs smartphones, à commander des produits emballés d’où bon leur semble. Ce système, gracieusement nommé web to store, permet de se faire livrer n’importe quel type de produit, même encombrant, à domicile ou au bureau. La concurrence est rude sur ce marché largement dominé par Amazon. N’empêche que ces livraisons s’effectuent dans les meilleures conditions d’emballage, une aubaine pour le papier industriel. On pourra d’ailleurs noter que les exigences qualitatives de ces clients multinationaux auront un effet très bénéfique et stimulant pour ceux qui croient toujours en la force de l’entreprise de papier d’emballage. Il ne faut pas non plus oublier que le papier graphique fait son grand retour, notamment en tant que constituant incontournable de la PLV, complémentaire de la vente en ligne. De plus de nombreuses imprimeries en ligne proposent l’impression de livres à la demande, les mails s’envolent les imprimés restent. Décidément on peut mettre le feu au papier il en restera toujours trace.


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