Le journal papier subit depuis une décennie déjà la concurrence acharnée du support digital. Cela ne concerne pas que les journaux d’information mais aussi les magazines thématiques. L’avènement des réseaux sociaux et la démocratisation du haut débit a fini de donner un coup supplémentaire à la filière. En comparaison à l’année 2016 par exemple, le périodique français a connu une baisse de 2,3 % au premier semestre 2017 selon l’IDEP. L’ACPM annonçait la même baisse un an auparavant.

Il subsiste cependant une touche d’espoir. Le paradoxe veut que l’imprimé demeure toutefois la première source de revenus des éditeurs français. Comment comprendre cette tendance, et quelles sont les perspectives du périodique papier ?

Concurrence du digital

Ce n’est pas un secret, l’imprimé subit la concurrence du support digital. C’est bien simple, combien de journaux français ne proposent pas une édition sur leur site internet ? Un journal comme Les Echos propose ses articles sur internet en version premium, avec 2 articles consultables gratuitement par mois. De nombreux magazines ont su effectuer la transition numérique et faire émerger des business models pertinents. Des éditions plus généralistes comme Le Figaro proposent un accès freemium, avec des articles gratuits et du contenu exclusif payant. Ceci avec la possibilité de recevoir le tirage numérique du journal avant parution.

Les modèles économiques à la clé

La donne écologique n’a pas arrangé les affaires de l’édition papier. En effet, imprimer écoresponsable revient à investir dans du papier écologique deux fois plus cher que le classique. Dans ce contexte, de nombreuses éditions sont nées en choisissant un modèle économique basé sur de la publicité en ligne, ou sur du contenu payant. C’est le cas de Médiapart qui propose ses articles en exclusivité pour ses abonnés payants. Le site ne propose pas de publicité en ligne et avait fait office de pionnier en lançant l’offre en France. C’est ce modèle publicitaire online qu’ont choisi Rue89.com, ou encore Slate.fr.

L’enjeu de la notoriété

Malgré ce fort attrait pour l’édition numérique, le print reste la source de revenus numéro 1 de nombreux éditeurs français. Malgré un déclin indéniable des volumes d’impression, la presse papier reste le support préféré de certains irréductibles. Le rapport au papier reste la principale motivation à cet attachement. Les éditeurs ont alors compris qu’il fallait s’adapter et faire évoluer l’édition papier vers un contenu plus premium. Les imprimeurs aussi doivent s’adapter en s’équipant de nouvelles machines. Le support se voudra plus axé sur la finition, le type de papier, voire une publicité plus interactive.

Les pure-players à l’assaut de l’édition papier

De plus, les lecteurs font plus confiance à des supports numériques ayant fait leur preuve en édition papier. Ainsi, de nombreux acteurs exclusifs du digital opèrent un volte-face en se lançant dans le support papier. C’est déjà le cas du catalogue papier qui présente plusieurs avantages. Si l’enjeu de la réputation fait partie des motivations de certains pure-players, l’aspect économique n’est toutefois pas en reste.
De nombreux observateurs comme l’Udecam estiment que l’investissement publicitaire online atteindra un palier. Les éditeurs numériques anticipent déjà ce cap en diversifiant leurs offres, sur tous les supports. C’est le cas du site Marmiton.org qui a décidé de se lancer dans l’aventure en 2010. Le business model du site a longtemps reposé sur du CPM, qui s’avère parfois insuffisant pour financer toute une structure. Ce pure-player a décidé de diversifier son offre en allant vers le papier, où les encarts publicitaires sont commercialisés plus onéreusement. Normal lorsque l’on sait que les marques les plus nobles préfèrent généralement ce format.

Les deux formats pourraient cependant cohabiter. Une analyse des comportements en ligne des internautes pourrait permettre aux éditeurs papier de proposer du contenu plus adapté.


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